HIVER 1971
1971, home movie, 3:05
UN DEUXIÈME FILM LONG ET HUMIDE
Je me souviens encore d'avoir tourné ce film avec la caméra 8mm de mon père... Une précision pour les générations de la vidéo : pellicule 8mm. En fait, non, même pas 8mm, mais bien 16mm, à double perforations et montée sur une bobine dite « daylight loading spool » de 50 pieds. L'objectif de la caméra n'exposant qu'une moitié de la pellicule, après avoir exposé les 50 pieds une première fois, on inversait la bobine dans le boitier et on tournait à nouveau afin d'en exposer la seconde moitié. On mettait ensuite la bobine à la poste dans une petite boite en carton jaune vif, port payé, à destination de Kodak. Une fois développée, le laboratoire fendait le rouleau de pellicule 16mm en deux, racollait les deux bouts et renvoyait le tout au client qui avait maintenant un film 8mm de 100 pieds.
Oui, je me souviens encore de cette journée de l'hiver 1971, hiver de chutes de neige légendaires alors que certaines maisons du quartier étaient quasi ensevelies sous les bancs poussés et sculptés par le vent. C'est là que j'ai découvert le paradoxe du cadre, ce cadre enchanteur qui concentre toute l'attention sur ce qu'il fixe, mais aussi ce cadre assassin qui supprime tout le reste. Autrement dit, j'étais au coeur de l'acte de création, un voile s'est levé et rien n'a plus jamais été pareil.